lundi 4 juillet 2016

Qui est Hippocrate ?


Hippocrate est un médecin grec. Il vécu il y a 2476 ans.

Mais son esprit est toujours bien présent parmi nous.

Son enseignement et son exemple continuent à nous accompagner quotidiennement, nous tous qui nous intéressons à la santé et à la médecine naturelle.

La médecine conventionnelle moderne, elle, a largement rompu avec les enseignements d’Hippocrate. Ce rejet a commencé à la Renaissance, où furent brûlé en place publique les ouvrages d’Hippocrate et des médecins arabes qui s’étaient inspirés de lui.

Ce pathétique événement eut lieu à Bâle (Suisse), la nuit de la Saint-Jean, le 23 juin 1527.

À partir de là, le rejet d’Hippocrate et de sa conception du corps humain se généralisa progressivement. L’enseignement de ses idées fut définitivement abandonné dans les universités de médecine à la fin du XIXe siècle.

Hippocrate, un artisan du corps humain

En revanche, on peut dire que les médecines naturelles restent complètement imprégnées de la tradition hippocratique.

Hippocrate expliquait qu’il fallait traiter un individu, pas une maladie.

Il s’efforçait de traiter le corps dans son ensemble, pas uniquement une partie du corps.

C’est ce que nous appelons aujourd’hui la médecine « holistique ». C’est celle qui prend en compte toutes les dimensions de la personne. Le terme vient du grec « holis », qui veut dire « tout ».

Pour élaborer ses traitements, Hippocrate expliquait que la nature, physis, possède en elle-même des forces de guérison. Le rôle principal du médecin est d’aider la nature à faire son travail, plutôt que de la diriger arbitrairement.



La théorie des humeurs

Pour Hippocrate, la santé est un état d’équilibre harmonieux des différentes humeurs (fluides) dont le corps est constitué.

Ces humeurs sont au nombre de quatre : le sang, la lymphe, la bile noire et la bile jaune.

Elles correspondent aux quatre éléments qui constituent l’univers dans la philosophie d’Aristote : l’air, l’eau, la terre et le feu.

Le sang correspond à l’air, l’eau à la lymphe, la terre à la bile noire, le feu à la bile jaune.

Chaque personne a un « tempérament » individuel, déterminé par le rapport de ces humeurs entre elles. C’est ainsi que certaines personnes sont sanguines, bilieuses, lymphatiques, ou mélancoliques (mélanos signifie « noir » en grec, et celui qui est mélancolique a trop de bile noire).

Chaque élément est une combinaison particulière entre les quatre qualités de base : le froid, le chaud, le sec et l’humide.

La théorie des humeurs, et ses relations avec les éléments et les qualités, peut-être schématisée comme suit :


Toute maladie est provoquée par un déséquilibre des humeurs. Pour la corriger, il faut favoriser les humeurs en manque, et évacuer les humeurs en excès.

Cette théorie servira à justifier par la suite le recours massif aux vomitifs, purgatifs et surtout à la saignée, qui firent des catastrophes et se poursuivirent malheureusement bien au delà des moqueries (bien justifiées) de Molière contre les médecins de son époque.

Toutefois, il est absolument faux de prétendre que cela soit la faute d’Hippocrate.


Hippocrate n’a jamais encouragé les interventions audacieuses et risquées sur les patients.

Au contraire, son grand principe moulte fois répété était : « Primum non nocere », autrement dit « d’abord ne pas nuire ».

Un de ses principaux apports à la médecine fut d’appeler les médecins à identifier les cas désespérés et à s’abstenir de toute intervention incertaine.

Le premier des traitements devait toujours, selon lui, être la « diète », un terme qui chez lui signifie non seulement l’alimentation mais aussi l’ensemble du mode de vie.

« Que ton aliment soit ton premier médicament », disait-il.

Il recommandait de manger une nourriture équilibrée et proportionnée, c’est-à-dire des aliments sans abus correspondant à ses besoins et à son tempérament individuel.

Selon lui, certains aliments doivent être mangés crus, mais d’autres doivent être cuits pour faciliter la digestion.

Premiers diagnostics scientifiques

Un des points forts de la médecine hippocratique était l’accent mis sur l’anamnèse du malade, soit le récit des antécédents, pour comprendre comment il en est arrivé là.

Suivait un examen clinique approfondi permettant le pronostic. Il procédait par auscultation, palpation et utilisait beaucoup l’odorat et l’ouïe. Il avait mis au point une technique appelée « succussion » consistant à secouer le malade afin d’écouter les bruits de fluides circulant à l’intérieur de son corps, et ainsi faire son diagnostic.

C’est ainsi qu’Hippocrate fut amené à créer la première classification des maladies. Il distinguait les maladies aiguës, chroniques, endémiques et épidémiques, des distinctions qui sont toujours utilisées.

Il commença à utiliser les termes médicaux tels que « exacerbation », « rechute », « résolution », « crise paroxystique », « pic » et « convalescence », toujours utilisés également.

Sa description de la pleurésie purulente (suppuration de la muqueuse pleurale dans la cavité thoracique) est toujours enseignée de nos jours aux étudiants en pneumologie et en chirurgie.

Il fut le premier à décrire le symptôme des « doigts en baguette de tambour », un signe important pour le diagnostic de maladies du cœur, du cancer du poumon et de broncho-pneumopathie chronique obstructive. Ce phénomène est d’ailleurs souvent appelé « hippocratisme digital » en son honneur. Il fit également le pronostic de la « face hippocratique », le changement qui se produit dans le visage au moment de la mort, ou pendant une longue maladie.

Il inventa le traitement des hémorroïdes par ligature et assèchement au fer chaud, une technique toujours en cours actuellement.

Haute tenue morale

Plus que tout le reste, la grande œuvre d’Hippocrate fut d’insuffler dans la profession des médecins, peu prestigieuse à l’époque, une haute tenue morale.

Il enseigna que le médecin devait être honnête et son comportement exemplaire.

C’est peu connu mais, dans le célèbre « Serment d’Hippocrate », le médecin doit jurer de « suivre lui-même la diète qu’il considère être bonne pour ses patients ».

Mais la bonne moralité recommandée par Hippocrate ne s’arrête pas là :

« Dans toutes les maisons où j’entre, je n’irai que pour le bien du malade, et je m’abstiendrai de tout acte volontaire de malfaisance ni de corruption ; de plus, je m’abstiendrai de séduire les femmes ou les hommes, les esclaves ou les hommes libres. »

Il fut un exemple d’honnêteté rare dans sa pratique médicale, n’hésitant pas à rapporter scrupuleusement un cas où il essaya de traiter 42 patients, dont 25 moururent.

La gentillesse, la douceur (« Là où est l’amour des hommes se trouve aussi l’amour de l’art ») et la dignité sont constamment encouragées, à tel point que l’image traditionnelle que nous avons du bon médecin, humain, dévoué mais aussi cultivé et aimable, s’est construite à la suite de toutes les générations de médecins qui s’efforçaient de cultiver ses vertus, conformément à leur « Serment d’Hippocrate ».

Quel que soit le caractère étrange, donc, de certaines de ses théories, la dette que nous avons à son égard est absolument gigantesque.


À votre santé !


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